Si j'avais quelque chose à dire...

Si j'avais quelque chose à dire...

1 décembre 2014, 02:04

Très tôt, dès l'âge de douze ans, j'ai tenu des carnets dans lesquels je tentais de donner corps à mes rêves, de définir mes attentes. Le monde qui m'entourait, je le trouvais peu digne d'intérêt. L'école était sinistre, la plupart des maîtres étaient rébarbatifs, guindés, ennuyeux. Tellement de gens avaient cette allure mécanique, cet air blasé que donne une fausse sagesse. Etroits de vues et de vies, ils semblaient se survivre à eux-mêmes. Combien de rêves, combien d'élans avait-t-on tués en eux? A quel degré avaient-ils été les victimes ou les complices de cet assassinat? Je ne voulais pas leur ressembler. A aucun prix. Et ni l'argent, ni le confort, ni toutes les vanités du monde n'auraient pu me décider à emprunter le même chemin qu'eux. Alors, je m'évadais de ce piège, de cette prison en consignant dans mes carnets les exploits de mes héros, en dressant des cartes de jungles et de grands espaces... C'est ce que je fais toujours aujourd'hui en y ajoutant l'écriture et je convie mes lecteurs à me suivre sur la piste de l'Ouest sauvage, des Pyrénées mystérieuses... Là où souffle encore l'esprit de l'aventure ouverte et de l'aventure intérieure.
La plupart des gens se laissent décourager par l'adversité, les coups de la vie. Ils s'imaginent qu'afin de vivre mieux, ils doivent hurler avec les loups, renoncer à ce en quoi ils croyaient étant jeunes: à la Providence, à l'amour, à la justice, à l'honneur, à l'Idéal. Quelle erreur! Il faut au contraire résister toute sa vie, lutter envers et contre tous pour préserver ces trésors intérieurs qui, seuls, peuvent nous donner du bonheur. A l'heure du bilan, chaque être humain chercheur d'or trouvera au fond de sa battée les pépites incorruptibles de ce qu'il aura donné. Amis, il faut longtemps endurer les railleries, les sarcasmes, le mépris; longtemps se faire traiter de naïf, de rêveur, de fou avant de voir les esprits froids, les esprits forts, les adversaires et les détracteurs vous faire un signe de reconnaissance et de respect. Un jour, qui viendra à coup sûr, ils diront: "si nous avions su, si nous y avions cru..." .
Vous saurez à ce moment-là que vous aurez eu raison.

à Monument Valley, 30 juillet 2013.